Le « miso », un condiment japonais traditionnel débordant de saveur, résultat de la fermentation
Le « miso » (pâte de soja fermentée) est un ingrédient japonais traditionnel qui est un élément essentiel du régime alimentaire au Japon. Ce condiment, issu de la transformation de simples ingrédients par fermentation, a continuellement été consommé avec soin, comme une sorte de panacée, tout au long de sa longue histoire de plus d’un millénaire et trouve aujourd’hui encore sa place sur nos tables à manger. Le « miso » est étroitement lié à la culture culinaire traditionnelle enracinée dans chaque région du Japon, ce qui se traduit par une riche variété de saveurs formées au fil des ans. De nos jours, parallèlement à l'essor mondial de la cuisine japonaise, il attire de plus en plus l'attention à l’étranger également.
Le miso, un élément incontournable de l'histoire de la cuisine japonaise, reconnu comme un aliment fermenté unique au Japon, est un mélange de graines de soja, de koji (un moût d’amorçage) et de sel, que l'on laisse fermenter et s’affiner. Son processus de fabrication de base est très simple : (1) Faire cuire à la vapeur les graines de soja (2) Faire adhérer les spores d’Aspergillus oryzae afin de fabriquer le koji (3) Mélanger les graines de soja avec le koji (4) Laisser fermenter. Puisqu'il n’est fabriqué qu’à partir de trois ingrédients, il dispose d’un potentiel infini pour ce qui est de proposer des caractéristiques distinctes en fonction des producteurs. En fonction de la quantité de sel, du pourcentage de koji, de la durée de fermentation et du processus d’affinage, de même que du climat des terres où il est produit, il peut offrir des différences exquises de goût, de couleur et de texture. Tout comme pour les vins du monde entier, c'est comme si sa saveur était issue de la terre et du climat. Le « miso » peut également être en grande partie classé en fonction de ce à quoi adhère « Aspergillus oryzae », formant le type de koji qui déterminera sa saveur. Ainsi, La culture d’ « Aspergillus oryzae » sur du riz produit du riz malté, de l’orge malté sur de l'orge et du soja malté sur du soja. En fonction du type de koji mélangé à l’autre matière première que sont les graines de soja cuites à la vapeur, le miso peut être séparé entre « miso de riz », « miso d'orge », « miso de soja », ainsi qu’une combinaison de ceux-ci : le « miso mélangé ».
En d'autres termes, le « miso », à l’identique du saké et de la sauce soja, est un aliment fermenté produit par l’action de micro-organismes tels que des levures et des bactéries. Au Japon, où les précipitations sont fréquentes et l’humidité élevée, les spores d’Aspergillus oryzae peuvent se propager facilement, ce qui convient parfaitement à la fabrication du « miso ». Par ailleurs, le territoire long et étroit de l’archipel japonais qui s’étend du nord au sud présente à la même saison des climats et des températures différents selon les régions. Cela signifie que les processus de fermentation et d’affinement diffèrent aussi légèrement et que le koji utilisé change selon les régions, d'où l'existence de « miso » régionaux à l'aspect et à la saveur assez inhabituels. Une autre de ses caractéristiques est qu’il est lié aux cultures culinaires régionales, notamment avec des plats locaux utilisant du « miso » propres à chaque région. Par exemple, le Hoto de Yamanashi, le Ishikari-nabe de Hokkaido, le Hoba-miso de Gifu, le Satsuma-jiru de Kagoshima, etc.
Le « miso », aux saveurs et goûts variés, qu’il soit doux ou épicé, est utilisé avec différents ingrédients en fonction des saisons, et il est également possible de combiner différentes sortes de « miso ». Faire ainsi ressortir les saveurs de cette manière est une compétence culinaire propre à la cuisine japonaise. « Une soupe et trois plats d'accompagnement » constituent le style de base des repas dans les foyers japonais, dont la « soupe miso » faite avec des ingrédients de saison occupe la place centrale. Qu'il s'agisse de tofu, de wakamé, de ciboule, de daikon, de tofu frit, etc., ou même d’idées personnelles pour utiliser des légumes de saison afin d'accompagner le mélange de « bouillon » et de « miso », il n'y a aucune règle décidant de ce qui peut être ajouté à la soupe miso. La soupe miso apporte les protéines et les vitamines qui ont tendance à faire défaut au riz blanc. Ainsi, dans le régime japonais où l’aliment de base est le riz, en consommer est une question de bon sens : simple, raisonnable et savoureux. Bien sûr, il n'y a pas que la soupe miso ; le « miso » se marie à merveille avec n'importe quel ingrédient, et il excelle à faire ressortir l’umami des ingrédients bruts. Il existe plusieurs méthodes pour l'utiliser, tel que de le mélanger à de l’huile pour faire un « sauté au miso », de faire « mijoter au miso » pour enlever l’odeur de la viande et des légumes crus ou encore de faire une « marinade au miso » qui permet de conserver les aliments plus longtemps. Les utilisations et méthodes de cuisson varient également d’une région à l’autre.
À l’époque d’Edo un proverbe disait : « Plutôt que de payer le médecin, payez le vendeur de miso ». Par ailleurs, il était dit du « miso » qu’il contenait l'essence de la saveur, de la vie et de la beauté, et qu'il devait être soigneusement consommé comme une panacée. Outre le fait d’offrir un apport en protéines de haute qualité provenant de son ingrédient principal, le soja, il est riche en acides aminés et en vitamines issues du processus de fermentation. C'est en quelque sorte un coffre à trésors rempli de bienfaits, un concentré d'une multitude d'éléments nutritifs tels que des glucides, des lipides, des minéraux et des fibres alimentaires.
Parallèlement à l'expansion de la cuisine japonaise sur la scène mondiale, le « miso » d'origine japonaise est désormais largement disponible à l'étranger. Un nouveau style appelé « condiment miso », qui consiste à faire un assaisonnement original et maison en associant du miso à d’autres condiments - tels que de l'huile d'olive, du vin rouge, du curry en poudre ou des grains de café - a vu le jour, et il est également possible de profiter d’« ajouts de miso » pour agrémenter les repas ordinaires. Ces dernières années, le potentiel du « miso » a également été remarqué par des chefs étrangers, qui ont donné naissance à un nouveau goût du « miso » qui transcende les nations, aussi bien pour des desserts tels que les macarons, qu’en guise d'ingrédient secret d’une sauce blanche, etc. La « soupe miso » est également populaire à l'étranger, de petites « boules de miso » permettant de préparer instantanément une délicieuse « soupe miso » faisant même leur apparition sur le marché. Ces « boules de miso », un mélange de poudre d'anchois, de copeaux de bonite séchée et de miso roulé à la main et garni de thé vert en poudre, d’algues vertes, etc., suscitent également de l'intérêt outre-mer pour leur aspect amusant. Sain et bénéficiant d'un goût profond et intense, le « miso » est un aliment au riche potentiel, dont toute l'étendue reste encore découvrir.
[Fermentation]
La « fermentation » est une étape essentielle du procédé de fabrication du « miso », à l’identique d’autres produits alimentaires japonais, tels que le saké ou la sauce soja. La « fermentation » est le processus de décomposition des substances par l’action de micro-organismes bénéfiques pour l’être humain. Des « bactéries » sont nécessaires pour la fermentation et peuvent entre autres être : les bactéries lactiques, nécessaires à la fabrication du fromage et du yaourt ; Aspergillus oryzae, généré par des acides aminés et qui crée de la saveur ; les levures, qui décomposent les sucres ; la bactérie du natto (graines de soja caillées), qui améliore l'environnement intestinal ; et les bactéries acétiques, qui transforment l'alcool en acide acétique. La « fermentation » ne fait pas qu’améliorer la saveur, la valeur nutritive et la durée de conservation des plantes, elle offre également des avantages pour la santé sur lesquels les regards sont tournés à l’étranger, tels qu’une amélioration de l'environnement intestinal et un effet antioxydant. D’ailleurs, Aspergillus oryzae, essentiel à la fabrication du « miso », a été désigné au Japon comme « bactérie nationale ».
Références : Journal culturel du miso / Fédération japonaise des fabricants de miso, Institut central de la recherche sur le miso
Connaître le miso, nouvelle édition / Comité japonais de la promotion du miso (MISO ONLINE)
Photographies fournies par : amanaimages inc. et le Comité japonais de la promotion du miso
Texte : Miki Suka